Que doit faire un étranger pour cesser d'être un étranger et devenir transparent dans la société qui l'accueille ? L'étranger, ici, est italien et c'est une longue histoire de l'immigration et de l'intégration italienne à travers les soubresauts de l'Histoire qui nous est conté dans cette remarquable BD.
Baru, à travers son narrateur, Teodoro Martini, reconstruit son histoire familiale, au gré des fluctuations de sa mémoire. Le récit se développe comme la mémoire de Teodoro, tout en discontinuité chronologique. Il y est question d'un massacre à Aigues-Mortes en 1893, de la résistance aux nazis, du retour au pays, de Mussolini, de Maurice Thorez... Des soupes populaires et de la mort des hauts-fourneaux... En tout, du prix à payer pour devenir transparent.
«Bella ciao», c'est un chant de révolte, devenu un hymne à la résistance dans le monde entier... En s'appropriant le titre de ce chant pour en faire celui de son récit, en mêlant sa propre histoire familiale et la fiction, réalité factuelle et historique, tragédie et comédie, Baru nous raconte une histoire populaire de l'immigration italienne, en somme une histoire universelle de la formation d'un pays, d'une nation.
Daniel Snevajs.