Les enfants sont les héros de cet impressionnant roman post-apocalyptique, par ses 656 pages et son ambition de rendre compte de la violence contemporaine. «La colonie des enfants de Melkisédek» abrite des enfants rescapés dans une institution en lisière d’une forêt. Ils sont plus habitués à la menace qu’à la tendresse et reproduisent entre eux la violence qu’ils ont connue ; ça n'empêche pas les amitiés, les amours, les jeux au soleil pour panser les plaies de la guerre et des catastrophes climatiques. il y a des enfants malades, des orphelins, des estropiés et des rescapés. Ils ont des noms à rallonge, comme «La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule», «Tricératops» «Destiny-Bienaimée», «Mohamed-Ali», «Tout-Le-Fait-Rire». Ils sont divisés en deux groupes, strongues et bitches. Les strongues tabassent mais les bitches ne se laissent pas faire. Ils ont peur de la forêt, mais elle les attire. Pas loin, un village, enserré dans des montagnes. Comme partout, la lutte des classes règne, entre bergers, paysans, et maîtres des forges. On y trouve des christian, des muslim, des supermuslim. La violence va cependant les rattraper quand le village proche est conquis par de vrais supermuslin. Ces ogres aux grands couteaux instaurent la Terreur… Dans Forêt-Furieuse, Sylvain Pattieu fait s'entrechoquer la vitalité enfantine des contes et des histoires, l'imaginaire destructeur du djihadisme, la violence des guerres contemporaines, sur fond de contes et légendes du sud-ouest de la France. Et puis il y a son écriture scandée par le rap et nourrie de la langue populaire d'aujourd'hui. Une dystopie qui ravira les amateurs du genre, un roman d'aventures d'un récit incroyablement foisonnant et multiple. Un bel hommage au roman culte de William Golding «Sa majesté des mouches» et sa communauté d'enfants livrés à eux-mêmes.
Daniel Snevajs.
Forêt-Furieuse de Sylvain Pattieu, Editions du Rouergue, août 2019, 652 pages, 9782812618338. A partir de 15 ans. https://www.payot.ch/Detail/foret_furieuse-sylvain_pattieu-978281261833…