Il avait douze ans quand la guerre lui est tombée dessus en 1993. Brutalement coupé de sa famille, qu'il n'a jamais revue depuis, il a fait la route à travers le Sierra Leone - à travers le chaos - avant d'entrer dans l'armée gouvernementale. De treize à seize ans, drogué au brown brown, qu'il décrit comme un «mélange de cocaïne et de poudre à canon», et aux films de «Rambo», il a tué, pillé, tué encore. Grâce à l'Unicef, la chance, et une énergie qui force l'admiration, il vit aujourd'hui aux Etats-Unis, où il poursuit de brillantes études, et défend dans le monde entier la cause des enfants détruits par les conflits armés. Cet incroyable parcours, Ishmael Beah le raconte dans «le Chemin parcouru» (400.000 exemplaires vendus aux Etats-Unis). L'enfer qu'il a traversé, c'est celui qu'Ahmadou Kourouma évoquait, en 2000, dans un roman admirable: «Allah n'est pas obligé». Parce qu'on s'en souvient encore, on pensait savoir à quoi s'en tenir. Sauf que le récit d'Ishmael Beah est un témoignage authentique. NouvelObs