Encore une fois, j'ai pu mesurer avec le roman de L'enfant-lézard le pouvoir extraordinaire de la littérature. Ou comment un roman est capable de vous transporter dans une époque, les années soixante en Suisse, dans une thématique, les saisonniers italiens et dans une problématique, l'interdiction du regroupement familial pour les familles de travailleurs étrangers. C'est à hauteur d'enfant que nous découvrons cette histoire, celle d'un petit garçon qui doit se cacher dans l'appartement du pays d’accueil de ses parents travailleurs dans les Grisons, au risque de l'expulsion s'il était découvert. Nous suivons avec fascination les mois et les années d'adaptation à une vie qui n'est pas une vie pour un enfant. Il va développer des trésors d'ingéniosité pour devenir invisible, indécelable au reste de l'immeuble et des voisins. Et toujours cette formidable résilience de l'enfant, capable de s'évader par la lecture, de jouer, de développer sa curiosité, de se faire de ami.e.s. Symbole et victime d'une politique migratoire d'un autre temps, L'enfant-lézard rappelle douloureusement à sa lecture, que les époques changent mais que les questions actuelles sur l'immigration reste d'actualité.
Daniel Snevajs.
L'enfant-lézard de Vincenzo Todisco,
Traduit de l'allemand par Benjamin Pécoud, Editions Zoé, Octobre 2020, 205 pages, 9782889277544. A partir de 15 ans.