En une semaine, la photo d'une petite Syrienne regardant l'objectif les bras levés a bouleversé les Internautes, qui l'ont partagée des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux. La BBC a mené l'enquête et a retrouvé le photographe.
Le 24 mars dernier, la photojournaliste palestinienne Nadia Abu Shaban, basée à Gaza, publiait sur son compte Twitter la photo d'une petite Syrienne, les bras levés, l'air à la fois effrayé et résigné, avec la légende : « Un photographe a pris cette photo d'une enfant syrienne qui, pensant que c'était une arme et non un appareil photo, s'est donc rendue ! » Personne ne connaissait exactement les conditions dans lesquelles ce cliché avait été pris ; mais il a été partagé des milliers de fois sur Internet et a suscité une vive émotion. Très vite, les réactions affluent : « C'est terrible », « Tellement triste », « Quelle honte pour l'humanité ! », etc.
Puis viennent les questions quant à la véracité de la photo. Face à ces interrogations, la journaliste palestinienne concède ne pas savoir qui a pris le cliché, ni où, ni quand. Pendant ce temps-là, la photo est relayée sur Reddit et sa viralité est renforcée. La BBC enquête. Devant l'ampleur du buzz et les questions entourant l'origine du cliché, la BBC se lance sur les traces du photographe l'ayant pris. En quelques heures, le média britannique réussit à retrouver Osman Sagirli, l'auteur du « visage le plus triste du monde ». Ce photojournaliste turc, qui couvre des désastres et des guerres depuis vingt-cinq ans et travaille désormais en Tanzanie, a expliqué que la petite fille avait 4 ans, s'appelait Hudea, et qu'il l'avait rencontrée fin 2014 dans le camp de réfugiés d'Atmeh, situé à 10 kilomètres de la frontière turque. Il a par ailleurs indiqué que le cliché avait déjà été publié dans le quotidien Turkiye Gazetesi en janvier dernier. À la BBC, le photographe a déclaré : « J'ai utilisé un téléobjectif et elle a cru que c'était une arme. Après avoir pris la photo, j'ai réalisé qu'elle était pétrifiée parce qu'elle serrait les lèvres et avait levé les mains en l'air. D'habitude, les enfants s'enfuient, se cachent le visage ou sourient lorsqu'ils voient un appareil photo. » Pour se justifier d'avoir photographié cette petite fille, il a ajouté : « On sait que ce sont des réfugiés, mais cela prend plus de sens de voir leur souffrance à travers celle des enfants qu'à travers celle des adultes. De par leur innocence, les enfants dévoilent davantage leurs sentiments. »
le figaro.fr
Nicolas Basse
Le 01 avril 2015