• 26.11.2014

Actualités L'élève qui disait merci!

Sonnerie. Fatalement, le réflexe pavlovien : bondir, fuir, partir. Mais la classe se retient. Entre nous, c'est devenu un jeu : il s'agit de ne rien laisser paraître. La rangée la plus impassible sort en premier. Ceux qui ont cédé à l'appel de la cloche sortiront bons derniers. Sonnerie, quand c'est fini, c'est fini : free ! Il y a bien sûr l'élève qui sort en dernier, met deux plombes à remplir son sac, fait tomber sa trousse, n'arrive pas à fermer son blouson, coince le zip de son cartable, traîne des pieds, fait vaciller les tables. C'est un type précis d'élève, chaque classe a le sien : il est attachant, pataud, lent, énervant, charmant. Il y a aussi ceux qui disent "merci". Systématiquement. Non pas parce qu'on les a libérés mais pour l'heure qu'on leur a consacrée. A chaque fois, je reste totalement attendrie. Très émue. Une chose est certaine, les élèves ne viennent pas vraiment de leur plein gré en classe. Dans leur esprit, nos cours, ce n'est pas un cadeau qu'on leur fait (malgré la propagande éducation civique : l'éducation, une chance !) (facile à comprendre, difficile à ressentir). Evidemment qu'ils seraient mieux dehors, en liberté, à s'amuser. Moi-même, je fais mon travail (vulgairement = je suis payée pour ça), je le fais avec entrain et joie mais, comme tous les élèves, comme tous ceux qui ont passé toute leur vie à l'école, j'attends la sonnerie, la récré, la clef des champs. Les cours se suivent, bons, moins bons, drôles, sérieux, énervés, mal embouchés, ratés. On saute de pierre en pierre durant des années. Un "merci" vient tout perturber. Ça casse la succession des heures, le rythme des jours, des pauses, des obligations et des contraintes et nous ramène à l'essentiel : nous sommes là pour transmettre. Ce que nous savons, nous le donnons, avec attention, avec conviction. C'est l'enjeu de notre profession, c'est au centre de nos préoccupations. Un "merci" fait taire le cortège de récriminations, d'angoisses face à la répétition, de petites félicitations et sanctions, des grosses tensions. Un "merci" nous rappelle que la grandeur de notre fonction tient aussi à ce qu'elle a quelque chose du don. Merci à ceux qui nous remercient de nous le rappeler. On a trop vite fait de l'oublier. PS : en fin d'année, notamment dans les appréciations sur les bulletins, il m'arrive, moi aussi, de remercier certains élèves ! Le Monde.fr/ Le blog de Mara Goyet, enseignante en histoire et géographie

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