L’histoire, aujourd’hui, ne tient plus en place. Saisie par le monde, troublée par l’effervescence des mémoires, elle aspire à décloisonner les savoirs et à déplacer les regards. Faut-il s’en inquiéter ? Oui sans doute si on attend d’elle qu’elle nous conforte dans nos certitudes, qu’elle rassure nos identités, qu’elle consolide nos continuités. Mais on peut aussi penser que cette hygiène de l’inquiétude est susceptible de nous aider à relancer le pari de l’universel. C’est la position que l’on défendra ici, en s'appuyant sur différents exemples développés par l’historiographie d’aujourd’hui, notamment pour la période médiévale, mais pas seulement. En suivant notamment les voyageurs et les découvreurs, de l’époque antique aux aventuriers d’un monde devenu clos au XIXe siècle, on cherche aussi à rappeler que l’histoire est l’art de se ménager des surprises.
Patrick Boucheron est maitre de conférences d'histoire du Moyen Âge à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Membre du comité de rédaction de la revue L'Histoire et directeur des publications de la Sorbonne, il s'intéresse à l'écriture et à l'épistémologie de la discipline historique. Il a consacré de nombreux travaux à l'histoire politique et urbaine de l'Italie de la Renaissance, depuis sa thèse Le Pouvoir de bâtir. Urbanisme et politique édilitaire à Milan, XIV e–XV e siècles (École française de Rome, 1998). Il a notamment publié Léonard et Machiavel (Verdier, 2008), Faire profession d'historien (Publications de la Sorbonne, 2010), L'Entretemps. Conversations sur l'histoire (Verdier, 2012), et dirigé Histoire du monde au XVe siècle (Fayard, 2009). Il est le présentateur de l’émission diffusée sur ARTE Quand l'histoire fait dates.
En partenariat avec le Club 44 et l'institut d'Histoire UNIne Neuchâtel