• 25.01.2016

Actualités Jean Studer à Microcity-Extraits d'une conférence empreinte d'humanisme et de générosité

Je vais parler un peu de mon parcours, de mes engagements, puis je parlerai des valeurs, puisque c’est le thème de la conférence.

Dans ma famille, personne ne faisait de la politique, mais beaucoup d’influences expliquent mon engagement. Il y a d’abord les amis qui comptent, ceux qu’on connaît depuis toujours. On avait beaucoup de discussions notamment sur ce qui n’allait pas dans notre monde. Et à votre âge, on s’était proposé d’aller aider les gens. Et tous les samedis, nous allions à la Coudre aider un couple de personnes âgées : on faisait le ménage, les courses….

On a aussi fait beaucoup d’activités culturelles : on a créé le théâtre des marionnettes au Théâtre de la Poudrière. Il y a aussi des professeurs à l’université qui m’ont marqué. J’ai lu un livre quand j’avais 18-19 ans qui a fait scandale en Suisse, le livre du Professeur Jean Ziegler qui s’appelait : « Une Suisse au-dessus de tout soupçon ». Ce Professeur a eu beaucoup de problèmes car il critiquait la Suisse.

Alors, j’ai décidé de faire des choses pour que ça aille mieux et je suis entré aux Jeunesses socialistes. On n’était pas beaucoup. On était cinq. Puis je suis devenu Secrétaire du Parti Socialiste Neuchâtelois, et je me suis engagé dans un parcours d’élection au niveau communal, puis cantonal. Je suis devenu Conseiller d'Etat. J'étais là au Château en charge des finances, donc des impôts, de la police, des prisons.... J'avais 900 collaborateurs. Aujourd’hui, je suis Président du Conseil de la Banque Nationale Suisse. Ce n’est pas moi qui décide, mais j’ai une responsabilité de surveillance. J'ai été nommé par le Conseil fédéral.

Cela me laisse du temps, et donc j’ai d’autres activités : Je suis Président du NIFF, qui a été créé il y a 15 ans, je suis Président du Printemps culturel qui a pour vocation de mettre en lumière un pays, une civilisation et aussi d’une autre association qui s'appelle Berlin-Neuchâtel.

Maintenant, parlons des Valeurs, puisque c'est le thème de la conférence d’aujourd’hui. C’est quoi les Valeurs ? Je suis allé chercher dans le dictionnaire. Il faut toujours entreprendre cette démarche. Sous « valeur » est écrit « Ce qui fait qu’un homme ou une femme est digne d’estime ». Il y avait aussi une deuxième phrase qui disait : « Les valeurs, ce sont les qualités que l’on souhaite dans le domaine moral ».

Il y a des valeurs qui sont nouvelles pour moi. On n’a pas toujours les mêmes valeurs. Il y en a d’autres qui m’accompagnent tout le temps.

Je vais expressément parler avec vous de quatre valeurs.

Je vous ai amené dans ce sac des objets :

1ère chose : le pamplemousse : le pamplemousse a une peau épaisse jaune un peu rugueuse, une chair jaune ou rose à l’intérieur avec un goût amer ou sucré. C’est la même chose pour tous les fruits exotiques, comme le fruit de la passion qui a une peau couleur violette, presque noire et quand vous l’ouvrez, c’est un festival de couleurs, une saveur particulière que l’on découvre et qui nous touche par sa texture, son goût.

Il faut aller au delà de cette peau et découvrir l’essence des choses, se laisser toucher par ce qui est à l’intérieur, être ému.

La première valeur est donc cette capacité à s’émouvoir : Cultiver sa sensibilité, entrainer sa capacité à être ému. Si on n’a pas cette capacité là, c’est plus difficile de vivre avec les autres, de faire attention aux autres, de prendre soin des autres.

2ème chose que je vous ai amenée, l’huile d’olive : A votre âge, je me souviens qu’à l’époque, l’huile d’olive ça n’existait pas dans les ménages suisses. Aujourd’hui il n’y a pas une seule maison en Suisse où il n’y ait d’huile d’olive. Alors qu’est-ce qui s’est passé ? Il y a eu l’immigration. Parmi les premiers immigrés, il y a eu les Italiens, puis les Espagnols, les Portugais, les Turcs, puis les immigrés de l’ex-Yougoslavie. Les Italiens ont amené avec eux l’huile d’olive. A l’époque, on avait une mauvaise opinion des Italiens : on disait que leurs enfants se couchaient tard, qu'ils faisaient trop de bruit, qu'ils parlaient fort, que l’huile d’olive cuisinée sentait mauvais. Mais aujourd’hui, on en met partout, les pâtes, les pizzas…

L’huile d’olive symbolise tout ce que l’on gagne à être ouvert envers les autres, ceux que l’on appelle les étrangers, tout ce que l’on gagne à être ouvert envers l’autre. C’est un enrichissement permanent. Je vous invite à garder cette capacité à découvrir les autres, à comprendre leurs valeurs, leur vécu.

Troisième objet : les baguettes chinoises.

Jean Studer appelle deux élèves, une fille et un garçon. Il leur donne à chacun une baguette et leur demande de la casser. Ce qu’ils arrivent à faire.

« Vous voyez une baguette est toute fine, fragile, on peut la casser facilement ».

Puis, il leur donne deux baguettes, qu’ils cassent et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus la force physique de les casser.

Ça veut dire quoi ? ça veut dire qu’on est plus fort ensemble. Fort, vous pouvez avoir besoin du plus faible pour être encore plus fort. Ça s’appelle la fraternité, la solidarité. Ce qui nous rend fort, c’est cette capacité à faire avec l’autre.

La quatrième valeur : c’est celle qui relie les trois autres. Tout ce que je vous ai montré provient de la Terre. Quand je parle de la Terre, je parle de notre planète et je voudrais que vous vous souciez de la Terre. Parce que le Terre ne va pas bien. Elle s’épuise. Il y a le réchauffement climatique, il y a les glaciers qui fondent très vite et cela a des conséquences climatiques pour tout le monde. Je ne suis pas du tout content de ce que j’ai fait en politique sur cette question, ça n’a pas été très performant.

J’encourage vivement vos enseignants à vous amener voir, à ce propos, le film « Demain ». Je dois aussi ajouter, et je le dis aussi aux enseignants, combien, et on en parlait ce matin avant de venir ici, l’enseignement de l’histoire et de la géo est important.

Un enseignant, et là je m’adresse à eux et j’en profite de les remercier de vous avoir accompagnés ce matin, doit avoir pour principal objectif de transmettre aux élèves, de les convaincre qu’ils ne sont pas arrivés trop tard, qu’il y a tout à faire et que vous saurez le faire et faire est très important, Surtout ne pas laisser aux autres faire les choses.

Einstein disait : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. » 

L’association Graine de génie-citoyen et Jean Studer ont offert aux enseignants et aux 179 élèves des collèges, Jean-Jacques Rousseau (du Val-de-Travers), des Terreaux (Neuchâtel), des deux Thielles (du Landeron) et du CPLN, aux invités, la marraine de la programmation Graine de génie-citoyen 2016, Nicole Baur, Claude Amiguet, parrain de la programmation 2014 et Michel Aragno, parrain de la programmation 2013, des baguettes chinoises, pour que tous, aient toujours conscience de l'importance de ces valeurs qui nous réunissent.

 

 

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